La qualification de Jean-Marie Le Pen pour le deuxième tour plonge la gauche dans l’embarras. Car, et c’est la préoccupation majeure, les législatives se profilent à l’horizon.Dimanche soir sous le coup de l’émotion, on a assisté à des appels à peine voilés à voter Chirac au deuxième tour. C’était le cas d’Ernest Moutoussamy qui estimait qu’il y avait « de quoi pleurer de voir dans la patrie de droits de l’homme, le pays de Jaurès, de Léon Blum, de Mendés France, un second tour des présidentielles opposer un candidat de la droite classique et un autre d’extrême droite ». Et Ernest Moutoussamy espérait un “sursaut de la gauche pour faire barrage au Front National”. La nuit portant conseil, le député s’est repris lundi matin dans un communiqué en expliquant qu’il ne pouvait appeler à voter Chirac et que finalement l’abstention était sans doute la meilleure des solutions.
Dimanche soir, Favrot Davrain se voulait beaucoup plus pragmatique. Estimant que “le résultat du premier tour obligeait chacun à réfléchir aux stratégies à avoir dans une élection quand il n’y a pas de triangulaire possible”. Le co-premier secrétaire fédéral socialiste appelait déjà à la “reconstruction de la gauche”. Et c’est bien de cela dont il sera question les 9 et 16 juin pour les législatives. Comment appeler à voter à droite aujourd’hui et à gauche demain. Comment être pris au sérieux par des électeurs qui ont déjà beaucoup de mal à suivre les alliances et mésalliances qui se nouent localement entre chaque élection ? C’est un vrai dilemme pour les états-majors de gauche qui ont donc décidé d’aller à l’encontre des opinions exprimées par Dominique Strauss-Khan ou par Christian Paul. Le secrétaire d’Etat à l’outre-mer qui, du coup, se retrouve seul sur ce dossier explosif.