DETROIT/NEW YORK (Reuters) – Plus d’un an après être sorti du régime des faillites, General Motors s’apprête à faire un retour fracassant à Wall Street à l’issue de la plus importante introduction en Bourse de l’histoire.
Le titre GM cotera jeudi à la Bourse de New York ainsi qu’à celle de Toronto.
Mercredi, le constructeur automobile a levé 20,1 milliards de dollars en fixant le cours de son action à 33 dollars, soit le haut de la fourchette attendue. Le groupe, confronté à un fort volume d’ordres passés pour ses actions, s’en trouve valorisé à environ 63 milliards de dollars.
Ce montant est supérieur de 9% à la valeur boursière de Ford, plus proche concurrent de GM et seul grand constructeur américain à avoir évité la faillite durant la crise de 2008.
L’intérêt des investisseurs pour General Motors est un victoire pour le gouvernement du président américain Barack Obama, dont le sauvetage de GM pour 50 milliards de dollars avait été vivement critiqué.
« Avec la restructuration et l’IPO, (le titre GM) a désormais une position financière plus solide et plus claire et est considéré comme un pari plus sûr pour les investisseurs », a estimé William Lo, analyste chez Ample Finance Group.
« Nous prévoyons une hausse initiale du titre d’environ 10% après la bonne réponse apportée à l’IPO. Le fait que l’Etat américain réduise sa part est également une bonne nouvelle pour l’image de GM. »
Selon David Buik, du courtier BGC Partners, le cours indicatif sur le marché gris – marché non officiel préludant à l’introduction d’une valeur mobilière en Bourse – serait compris entre 37 et 37,50 dollars, soit un gain maximal de 13,6% par rapport à l’ouverture.
L’Etat rentrerait théoriquement dans ses frais avec une hausse du titre de 47% à 49 dollars dans les semaines et les mois qui viennent.
BON AUGURE POUR LE RETOUR DE CHRYSLER
Mercredi soir, Barack Obama a salué une « étape majeure » dans le redressement de General Motors et plus généralement dans l’histoire de l’industrie automobile américaine.
Les grands investisseurs internationaux, dont les fonds souverains asiatiques et du Moyen-Orient, représenteront moins de 5% du capital de GM, en tenant compte des actions ordinaires, préférentielles et de l’option de surallocation, a indiqué une source proche du dossier.
Le constructeur chinois SAIC a annoncé avoir acheté, via sa filiale d’investissement de Hong Kong, 15,15 millions d’actions, soit une part de presque 1% pour environ 500 millions de dollars.
Plus de 20% des actions devraient être détenues par des particuliers, a par ailleurs indiqué une source proche du dossier.
Dans l’anticipation de l’ouverture de Wall Street, les valeurs automobiles françaises et allemandes s’appréciaient nettement jeudi à Paris et Francfort.
La bonne fortune de General Motors est également de bon augure pour plusieurs groupes liés de près ou de loin à l’automobile et qui envisagent une entrée en Bourse.
Mardi soir, l’administrateur délégué de Fiat Sergio Marchionne a estimé que le très bon accueil fait à l’introduction en Bourse de GM était de bon augure pour celle de Chrysler, envisagée au second semestre de 2011.
General Motors devrait au total lever 23,1 milliards de dollars, avec exercice de l’option de surallocation, ce qui fait de son IPO la plus importante tous secteurs confondus dans le monde. Le record actuel est détenu par Agricultural Bank of China, dont l’entrée en Bourse à Shanghai en juillet avait levé 22,1 milliards de dollars.
Avec ce retour en Bourse, la nouvelle équipe dirigeante de GM, emmenée par le directeur général Dan Akerson, réussit son premier grand test.
En guise de symbole, c’est Dan Akerson qui fera retentir jeudi la cloche marquant traditionnellement le début de la séance à Wall Street.
Avec Donny Kwok à Hong Kong et Dominic Lau à Londres, Gregory Schwartz pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat